Refle-x-périmental #22 Real Life : Carte blanche du Millenium Film Journal
Jeudi 11 décembre 2025 à 20h30 au Reflet Médicis
Refle-x-périmental #22, le ciné-club de Cinédoc | Real Life : Carte blanche du Millenium Film Journal
Jeudi 11 décembre 2025 à 20h30 au Reflet Médicis
► À l’occasion de la parution de Millennium Film Journal 82, ce programme rassemble des œuvres analysées dans ce numéro : des tentatives de documenter et d’éclairer un monde toujours plus complexe, où les images ne se contentent plus de refléter la réalité, mais font désormais partie intégrante de sa substance même.
Programmé par Grahame Weinbren, Vince Warne et Jonathan Ellis.
Extraits tirés de MFJ 82 “Real Life” (automne 2025) et MFJ 77 “Rifts” (printemps 2023).
Séance présentée par et suivie d’une discussion avec Grahame Weinbren.
► Le programme :
Adieu Ugarit
Samy Benammar
2024, 16mm (num.), 15’
“Le personnage principal, un survivant de la guerre civile en Syrie, est hanté par le souvenir de l'exécution de son ami. Les ombres du passé imprègnent le film, un ton suscité par la dissonance entre les émotions sombres du sujet et le calme des eaux cristallines laurentiennes… Si l’on coupait le son et les sous-titres, Adieu Ugarit aurait l’allure d’une modeste célébration d’un pays de lacs sylvestre, filmé en noir et blanc avec beaucoup d’amour, et entrecoupé d’images d’un bel homme – rien ne suggérerait l’absence d’une narration en voix-off. C’est dans le contraste entre l’image et le texte qu’un ton amer et émotionnel fait ressortir l’horreur de la mort violente dans l’esprit de quelqu’un qui ne peut pas y échapper.”
– Grahame Weinbren, “War in Pieces Continued”, MFJ 82 (automne 2025).
Memory Theater 2
Claudia Hart
2022-25, numérique, 5’
“Qu’il s’agisse d’ange, d’un arbre ou d’un blob argenté, les figures troublantes de Hart et leurs environnements sont profondément expressifs. Elles dérivent, se déforment et se décomposent, comme sous l’emprise de forces inconnues, qu’elles soient intérieures ou environnantes…”
– Corinna Kirsch, “Claudia Hart: Illuminations”, MFJ 82 (automne 2025).
Diteggiatura (Fingerpicking)
Riccardo Giacconi avec Andrea Morbio
2021, numérique, 17’
“Faire référence aux ‘action figures’ dans un programme de film d’artiste et expérimental suggère inévitablement une recontextualisation du terme. Sans surprise, leur portrait sera plus complexe et inclusif que celui des figurines articulées hollywoodiennes aux muscles saillants. (...) Dans Diteggiatura (Fingerpicking), les figurines sont des marionnettes artisanales de la Compagnia Marionettistica Carlo Colla e Figli à Milan, l’un des plus anciens théâtres de marionnettes au monde. En détaillant les gestes minutieux des artistes qui fabriquent puis animent ces figurines, le film construit une représentation palpable de matériaux bruts se transformant en personnages uniques, chacun avec ses propres caractéristiques expressives. Chaque visage raconte sa propre histoire, imprégné de mémoire et de l’expérience des représentations passées.”
– Kim Knowles, “Currents Program 3: Action Figures”, MFJ 77 (printemps 2023).
Rain
Mike Hoolboom
2025, numérique, 3’
White Harlem
Mike Hoolboom
2024, numérique, 10’
“L'œuvre que vous allez voir n’est pas vivante tant que quelqu’un n’a pas fait le travail de son dépliage. Elle doit être touchée et dépliée. Est-ce trop demander ? Bien sûr que oui. Bien sûr que c’est trop. Je crois que la porte que nous franchissons pour assister à la projection d’un film d’artiste commence toujours de la même manière : en demandant trop, en lançant des affirmations absurdes. D’ailleurs, comment appeler ce lieu : utopie ? Littéralement, cela signifie : non-lieu.”
– Mike Hoolboom, “What Is An Artist? An Introduction to the Brakhage Symposium”, MFJ 82 (automne 2025).
sound of million insects, light of a thousand stars
Tomonari Nishikawa
2014, 35mm (num.), 2’
“À première vue, les images de ce film de deux minutes ressemblent à de nombreuses expérimentations cinématographiques sans caméra : un déferlement de bleu et de fuites de lumière, des photogrammes griffés vibrant d’une énergie trépidante, et une bande-son feutrée faite de bruits et de crépitements. Beau, étrange et abstrait, on pourrait presque le prendre pour une œuvre peinte à la main ou pour un exercice de techniques non conventionnelles de développement en chambre noire. Mais, après une brève coupure au noir, un texte à l’écran révèle, de manière tout à fait factuelle, le sens des images que nous venons de voir…”
– Vince Warne's Introduction to MFJ 82 (automne 2025).
Selected works
Undertime Slopper
2025, numérique, 5’
“Undertime Slopper est un artiste anonyme (ou peut-être un groupe, ou une IA consciente d’elle même, qui sait ?), créateur de vidéos courtes, connu surtout pour ses publications sur TikTok. Ses vidéos sont compactes, généralement des collages désordonnés de voix off générées par IA, de scans en photogrammétrie, de personnages doublés en lip-sync et d’animations 3D chancelantes. Les personnages animés semblent flotter dans un entre-deux esthétique, ni tout à fait amateurs, ni tout à fait aboutis. Ils occupent un espace visuel façonné par des résidus algorithmiques : scans low-poly, perspectives déformées et bouches numériques deepfake étrangement inquiétantes. Mais au-delà de ce vacarme, il [Undertime Slopper] a construit un écosystème absurde, à moitié mythe, à moitié mème (...). C’est surréaliste, drôle, parfois troublant, et surtout complètement détaché du monde des beaux-arts.”
– Ari Temkin, “I Love Undertime Slopper”, MFJ 82 (automne 2025).
Being John Smith
John Smith
2024, numérique, 27’
“Une réflexion autobiographique sur la banalité de son nom conduit le réalisateur sur un chemin sinueux à travers des photos de famille, des archives personnelles, des recherches sur Internet. Tantôt désabusé, tantôt mélancolique, truffé de commentaires cocasses typiques du cinéaste, Being John Smith oscille entre autodérision et cri du coeur, tout en offrant des observations tacitement hilarantes sur ses origines de classe moyenne inférieure et sa carrière de cinéaste éminent d’avant-garde.
– NY Film Festival.
“Le film étincelle par l’habileté avec laquelle le cinéaste exploite les pouvoirs intrinsèques du cinéma… Est-il désinvolte, facétieux, ironique, satirique, cynique, sec, poignant ? À la fin du film, avons-nous le sentiment d’avoir réellement rencontré le cinéaste ? À peine. Il nous avait prévenus : il ne fallait pas le croire sur parole. ”
– Grahame Weinbren, “War in Pieces Continued”, MFJ 82 (automne 2025).
Remerciements : Grahame Weinbren, Vince Warne
Billetterie bientôt disponible